Les Thermes Romains de Caracalla - ROME
Vous êtes prévenus, ce post est assez long,
La raison est que je n'ai pas vu beaucoup de photos à ce sujet sur le net, alors ... Je me suis défoulée ;0)
Therme = Thermae (en grec) = Chaud
Il s'agissait d'établissements de bains publics, considérés comme parmi les plus grands et les plus luxueux de l'époque (après ceux de Dioclétien) construits sur 11 hectares.
Ruinés ils restent pourtant les mieux conservés.
Situés dans le prolongement de la Colline de l'Aventin sur la Colline du Caelius, orientés de manière à recevoir un maximum de soleil. Leur construction a commencé à la fin du règne de Septime Sévère en 212 après J.C. pour se prolonger sous celui de Caracalla jusqu'en 216 et bien au delà pour le mur d'enceinte.
Le sanguinaire Empereur Caracalla
Les thermes ont été inaugurés en 216 après J.C. par l'Empereur du même du nom.
Photo provenant du site Maquettes Historiques >>ici
L'établissement thermal formait un rectangle assez compact de 214 mètres de long sur 110 mètres de large. Les toits étaient de tuile ou en coupoles.
Les murs mesuraient plus de 20 m de haut, très épais pour éviter l'influence des températures extérieures, ils soutenaient la poussée des voûtes et étaient noyés dans un mortier fait d'un mélange de chaux et de différents produits, appelés agrégats (Opus caementicium) puis parés de briques rouges.
Les briques étaient fabriquées à 80 kms au Nord de Rome à Mugnano dans les Ateliers de Tullus Domitius et son frère Lucanus.
Les Thermes de Caracalla étaient d'aspect extérieur très sobre, mais à contrario, l'intérieur était d'une grande richesse.
Les murs des salons principaux étaient revêtus de marbres de couleur ornés de bronze doré, les plafonds probablement décorés de peintures.
Les sols de presque toutes les salles étaient ornés de mosaïques.
Des éclats de mosaïque, blanc, noir, vert, rouge,
trouvés au milieu des graviers où tout le monde marche...
ici de la mosaïque comme des écailles...
Détail du sol de la première Palestre...
Les bassins étaient décorés de statues et de fresques ; enfin certaines baignoires étaient creusées dans les marbres les plus précieux, les autres étant exécutées en basalte, granite, porphyre, albâtre (les fouilles de l'époque moderne ont permis de le confirmer).
Le Palais Farnèse,
siège de l'Ambassade de France
Place Farnèse à Rome,
devant l'une des deux baignoires
provenant des Thermes de Caracalla...
On peut admirer aujourd'hui une superbe mosaïque découverte de 1824 exposée aux Musées du Vatican, qui représente des Athlètes en situation ou avec leurs trophées... Une mosaïque qui à mon sens n'a rien à faire là-bas ! ... (idem pour la baignoire en granite gris égyptien qui se trouve sur la Place Farnèse en face de l'Ambassade de France et qui sert à présent... de fontaine ! Ou la colonne transportée jusqu'à Florence, en 1563)
Le sort n'en est pas moins triste pour les mosaïques où figurent des dauphins, des divinités aquatiques, des animaux, des figures humaines ou des dessins géométriques, pour plusieurs très abîmées et qui dorment à ciel ouvert, attendant protection au sein même de leur lieu de trouvaille ... A quand un Musée Thermes de Caracalla ?
Les Fragments de Fresques ...
Mais revenons à "nos moutons" ;0)
L'établissement pouvait accueillir jusqu'à 1600 baigneurs.
L'alimentation en eau, était assurée par aqueduc situé en dessous des thermes pour maintenir la pression et apporter l'eau aux différents bassins depuis les 64 citernes de 80.000 mètres cubes chacune.
L'eau était chauffée dans une chaudière au sous-sol (Praefurnium), située au-dessus du foyer alimenté avec du charbon de bois entretenu par des esclaves, puis elle arrivait par un système de tuyauteries.
(Croquis provenant du net >> ici)
L’air chaud circulait sous les bains surélevés par des piliers de briques, ainsi que dans les murs par des conduits en briques creuses (Tubulare / Tubuli)
Le Citoyen Romain aimait s'y rendre chaque jour en début ou fin d'après-midi après le Négotium (les affaires), et passait d'abord par :
- L'Apodyterium (Voir n°2 près des entrées) : Vestiaire pour y déposer ses vêtements dans des niches qui étaient surveillées pour les plus riches par leur esclave,
L'exercice physique...
- le Gymnase
- La Palestre : Il s'agissait d'une cour pour les exercices physiques on pouvait y faire des jeux de balles, de l'haltérophilie,
Pour commencer la visite intérieure,
nous devions entrer par la Palestre...
Les sols étaient légèrement inclinés pour évacuer l'eau
Manifestement un étage donnait sur la Palestre,
il est supposé qu'il y avait également une terrasse ...
- Un Couloir qui conduisait aux bains où l'on trouvait également baignoires et latrines,
Pour ceux qui ne voulaient pas faire de sport, ils pouvaient se rendre directement aux...
Les Saunas...
- Le Caldarium, immense rotonde de 34 mètres de diamètre, coiffée d'une coupole appuyée sur huit piliers d'une hauteur estimée à ... 45 mètres ! (aujourd'hui rasé...). Le tout était inondé de lumière naturelle qui entrait par les fenêtres situées entre les piliers. La température élevée se faisait grâce à la proximité avec le Praefurnium (chaudière au sous-sol).
Il ne reste rien du Caldarium et de sa coupole...
Le Caldarium était divisé en deux parties :
* Le Sudatorium : Bains de vapeur sèche et très chaude ; Les bassins métalliques contenaient du charbon
de bois ardent, la température était portée à 60°, ils étaient destinés
à activer la
transpiration.
* Le Laconium : était une salle de petite dimension où l'on y faisait un court passage, la température approchait les 70°.
Les baigneurs portaient des sandales de bois pour ne pas se brûler le dessous des pieds.
La saleté et les peaux mortes étaient éliminées ensuite en se raclant la peau avec un grattoir courbe (strigille).
Les bains...
Tièdes...
- Le Tepidarium : Une Petite salle pour prendre un bain tiède et se reposer (on s'y délassait environ 1/2 heure), il s'agissait de la salle la plus luxueuse,
Les Bains...
Froids...
- Le Frigidarium : Véritable nef qui mesurait 58 m x 24 m, elle possédait trois voûtes soutenues par huit piliers de granit gris d'Egypte,
Puis on terminait ...
- Au Natatio : La Grande Piscine peu profonde, qui avec ses 50m de long et 22m de large aurait pu rivaliser avec les piscines de compétition de notre temps .
Après l'arche, la grande piscine,
elle était ornée de piliers de granit,
eux-même décorés de statues de marbre.
Nous pouvons encore voir la trace verticale en face...
Le bassin de la grande piscine était alimenté
par des bouches triangulaires...
Une idée de la hauteur impressionnante des lieux
quand on était à la piscine...
Devant la trace de la fontaine
qui était face à la piscine...
(Gravure provenant de Wikipédia)
Interprétation de Violet Leduc...
(photo trouvée sur le net)
Le hall d'où l'on pouvait se rendre aux frigidariums latéraux,
on retrouve la même fontaine qui débouchait vers la grande piscine...
La piscine devait ressembler à ceci ...
Le rêve non ?
(Photo trouvée sur le net)
La Grande Piscine à nouveau,
(Photo prise du panneau explicatif sur place...)
La deuxième palestre, avec ses restes
de mosaïques et sa colonne brisée...
Mais l'on pouvait aussi se rendre :
Ici, les chambres pour les bains privés...
- Dans des Chambres pour prendre des bains privés, puis en sortant de l'eau se faire masser avec des huiles ou du sable, se faire épiler, parfumer ou aller dans des chambres ouvertes pour prendre un bain de soleil ou pourquoi pas passer sous la douche (Lavatio).
Mais ce n'est pas tout !
Les Romains pouvaient se promener dans ses Jardins agrémentés de bancs et de fontaines, aller dans des Boutiques, Tavernes, Restaurants, ou se rendre dans les Bibliothèques (Exedra) pour discuter et même aller écouter des Conférences ...
Je pense qu'il s'agit de l'autre gymnase
comme les plans romains sont très symétriques
(mais j'y mets quand même des réserves...)
Ici nous sommes sur l'emplacement du Stade des Thermes,
où l'on pratiquait la course à pieds...
sur ce qui est aujourd'hui de la pelouse,
se trouvaient les anciens jardins,
en face le caldarium qui a été rasé,
derrière nous les citernes insérées dans la colline
(je n'ai pas pris de photos
car il ne reste que quelques pans de murs
peu significatifs)
Même plan d'ensemble, mais vu de l'intérieur cette fois,
On peut voir au fond les grands pilliers du caldarium ruiné
(Photo prise d'un panneau explicatif sur place)
et maintenant de face,où s'enchaînent...
La base du caldarium disparu,
le hall avec le tépidarium,
de chaque côté les frigidariums,
au fond la grande piscine...
Tout y était conçu pour le bien être du corps et de l'esprit.
Les Thermes furent restaurés plusieurs fois, mais ont cessé d'exister en 357 après J.C. après que Vitigès et ses Ostrogoths aient détruit l'aqueduc qui les alimentaient suite à l'assaut contre Rome.
Tombés en ruines après le passage des Sarrasins au IXème Siècle, ils deviendront cimetière au Moyen-Age pour les Pélerins décédés lors de leur voyage à Rome, puis une carrière de marbre et de briques pour les églises et les palais romains. Un peu comme le Colisée...
Sous le règne du Pape Paul III Farnèse (1534-1549), les fouilles mirent à jour :
- Le Groupe du Taureau Farnèse (représentant le supplice de Dircé), visible au Musée Archéologique de Naples "Collection Farnèse"...,
- La Statue Colossale d'Hercule (Oeuvre de l'Athénien Glycon) reposant sur une massue recouverte d'une peau de lion, avec dans la main des pommes provenant des jardin des Hespérides, il se trouvait dans un des frigidariums, il est à présent visible au Musée Archéologique de Naples "Collection Farnèse"...,
- Flore Farnèse de l'école attique du 4ème Siècle avant J.C. - Musée Archéologique de Naples "Collection Farnèse" ...
Au XIXème Siècle, on découvrit d'autres magnifiques poteries et mosaïques,
De 1901 et en 1912, les souterrains furent peu à peu dégagés, pour laisser apparaître les salles indispensables au bon fonctionnement des Thermes, les couloirs étaient si larges que l'on pouvait autrefois y passer un char. (ne se visitent pas... hélas...)
En 1938, eut lieu une découverte très importante "Le Mithraeum" où l'on entretenait autrefois le culte de Mithra, le temple le plus imposant de Rome.
* * *à bientôt * * *